V

— Entrez donc, monsieur Morane. Mais entrez donc.

Le professeur Frost avait parlé d’une voix sourde, dans laquelle Bob décela une pointe de méfiance. Il referma la porte, au verrou, derrière lui et marcha à pas comptés vers le bureau. Du menton, il désigna l’automatique.

— Qu’est-ce que cela veut dire, professeur ?

Sur le visage rond et sanguin du savant, il y eut un pâle sourire. Presque une grimace.

— Cela veut dire tout simplement que vous aviez raison, monsieur Morane. Quelqu’un en veut à ma vie. Clayton, Van Dorp et Lewis ont été empoisonnés et, si je ne suis pas mort c’est que contrairement à eux, je n’ai pas mangé de homard. Une vieille allergie pour la chair des crustacés.

— Vous avez eu de la chance, professeur, fit Bob avec un léger sourire. Comme vous le savez, cette chair était « avariée ». Le Dr Flint a été formel à ce sujet.

Le professeur Frost secoua la tête.

— Non, dit-il, le Dr Flint s’est trompé… ou a menti.

Ce matin, comme vous étiez absent de la cambuse, je m’y suis introduit et ai subtilisé les deux boîtes de conserves vides. Elles contenaient encore des parcelles de chair de homard. Cette chair était en parfait état de conservation, je puis vous le garantir.

Ainsi, c’était le professeur Frost qui s’était emparé des boîtes disparues. Pour Morane, c’était toujours là un mystère d’éclairci. Du menton, il désigna à nouveau l’automatique que le paléontologue tenait toujours braqué dans sa direction.

— Qu’est-ce que cela veut dire, professeur ? demanda-t-il encore.

L’arme ne se détourna pas.

— Si quelqu’un a mêlé du poison au homard, monsieur Morane, dit Frost d’une voix mal assurée, vous êtes le premier à devoir être soupçonné.

Cette accusation à peine dissimulée ne fit pas perdre son sang-froid au Français.

— Vous avez raison, professeur, répondit-il, je puis être soupçonné. Mais vous oubliez le steward. Il n’a pas une tête d’enfant modèle, avouez-le. Vous oubliez aussi que, depuis le début, je vous ai mis en garde contre les agissements de votre ami Lensky. Malheureusement, vous n’avez pas voulu me croire. Pour une raison ou pour une autre, Lensky cherche à vous éliminer pour s’emparer du yacht.

Les traits du savant semblèrent soudain se brouiller. Il parut très las et laissa retomber l’automatique sur la table.

— Vous avez raison, monsieur Morane, fit-il d’une voix : désespérée. J’ai eu tort de vous soupçonner. Mais, depuis hier, depuis que j’ai acquis la certitude d’avoir échappé à la mort, je vis dans des transes continuelles et me vois sans cesse entouré d’ennemis.

— Vous l’êtes, professeur, fit Bob.

Il tira de sa poche les deux coupures de presse trouvées dans le portefeuille du Dr Flint et les posa sur le bureau, devant le savant. Ce dernier lut rapidement. Quand il eut terminé, il ne put réprimer une moue de dégoût.

— Intéressant personnage, ce Dr Flint, n’est-cc pas, monsieur Morane ?

Bob hocha la tête affirmativement.

— Oui, fit-il, et votre ami Lensky peut se révéler bien plus intéressant encore.

En quelques mots, le Français mit Frost au courant de sa brève entrevue avec le Dr Flint.

— Il me semble, fit remarquer le savant, quand Bob eut achevé son récit, que la situation est critique. Si Lensky a réellement l’intention de s’emparer du Mégophias, nous aurons bien du mal à l’en empêcher. Que pouvons-nous, à nous deux, contre une vingtaine de forbans prêts à tout et alléchés sans doute par la promesse de quelque riche butin. Ah, si Clayton, Van Dorp et Lewis étaient encore en vie !

— Vous oubliez les quatre matelots restant de votre ancien équipage, professeur. Croyez-vous pouvoir leur faire confiance ?

Pendant un long moment, Frost demeura songeur. Finalement, il releva la tête.

— La cupidité change souvent le cœur des hommes, dit-il. Pourtant, Carter, Lindsay, Holt et Kramer se sont toujours montrés honnêtes et fidèles. Jusqu’à nouvel ordre, nous pouvons leur faire confiance.

— Nous sommes donc six, fit Morane, Pouvez-vous trouver des armes, professeur ?

L’archéologue eut un signe affirmatif.

— Je possède ma petite réserve personnelle, expliqua-t-il. Avant la guerre, j’ai pas mal sillonné les mers de Chine et de Java et, comme j’étais parfois forcé de recruter des équipages douteux, j’ai pris mes précautions et l’habitude m’en est restée.

Frost marcha vers la bibliothèque, l’ouvrit et poussa l’un des rayons. Celui-ci pivota et découvrit un compartiment secret où se trouvaient rangés des carabines, des revolvers, des coutelas, et des boîtes de cartouches. À cette vue, une expression d’intense satisfaction apparut sur le visage de Morane.

— Voilà qui équilibre les chances, dit Bob. Il s’agit maintenant de contacter Carter, Lindsay, Holt et Kramer et de les armer. Cette nuit, profitant du sommeil de Lensky et du reste de l’équipage, nous nous rendrons maîtres du yacht et gagnerons un quelconque port de l’Alaska.

La contrariété se peignait à présent sur les traits du savant.

— Alors, adieu Mosasaure ? demanda-t-il.

— Pour l’instant du moins, répondit Morane. Ce qui compte avant tout, c’est de sauver nos vies.

— Vous avez raison, monsieur Morane. Allez trouver Carter, Lindsay, Holt et Kramer et dites-leur que je veux leur parler dans mon bureau. Qu’ils viennent séparément.

Pendant ce temps, je vais préparer les armes.

Morane se pencha sur le bureau, prit l’automatique que Frost y avait déposé peu de temps auparavant et le glissa dans la ceinture de son pantalon, sous sa vareuse. Alors, il se dirigea vers la porte et l’ouvrit. Mais, aussitôt, il bondit en arrière, paralysé par la surprise.

Aloïus Lensky et Sam Lester, le second, se tenaient sur le seuil de la cabine. Dans sa large main, Lester tenait un revolver de gros calibre et en pointait le canon vers la poitrine de Morane.

 

 

La surprise du professeur Frost et de Bob était telle qu’il leur fallut un long moment avant de recouvrer leur sang-froid. Sur les lèvres minces d’Aloïus Lensky, il y avait un sourire narquois et dans ses yeux, profondément enfoncés dans les orbites, une lueur de triomphe brillait.

— Vous avez eu tort, professeur Frost, de me sous-estimer, dit-il de sa voix sifflante. Je suis homme à prendre toutes les précautions nécessaires. Depuis le début, profitant d’une de vos absences, à Seattle, j’ai fait installer un micro dans votre cabine, derrière un des lambris d’acajou. À partir de ce jour, un appareil magnétique, installé dans ma propre cabine, a enregistré la moindre de vos conversations. C’est ainsi que, depuis notre départ de Seattle, je sais que notre ami Joseph Peeters, ici présent, s’appelle en réalité Robert Morane, et qu’il n’a jamais cessé de me soupçonner de vouloir vous nuire.

Le professeur Frost avait à présent retrouvé tout son calme.

— Toutes mes félicitations, Lensky, dit-il d’une voix sarcastique dans laquelle on pouvait cependant déceler aussi un peu de dépit. Vous avez parfaitement joué la comédie, et je m’y suis laissé prendre. Malheureusement, votre plan a en partie échoué, puisque vous n’avez pas réussi à m’assassiner comme vous avez assassiné le capitaine Clayton, Van Dorp et Lewis.

Lensky ricana.

— À vrai dire, fit-il, je me demande comment il se fait que vous soyez encore en vie.

Sur le visage du savant, un sourire un peu contraint apparut.

— Je ne supporte pas la chair du homard, tout simplement, monsieur Lensky.

Pendant que ces paroles s’échangeaient, Bob jugeait la situation. Seul, Lensky avait pénétré dans la cabine ; Sam Lester, lui, qui tenait le revolver, était demeuré dans l’encadrement de la porte. Les deux bandits se trouvaient très rapprochés l’un de l’autre, et si Bob parvenait à prendre Lensky par surprise et à le précipiter contre son complice pour déséquilibrer celui-ci à son tour, la situation pouvait être renversée.

Quand Lensky avait pénétré dans la cabine, Morane s’était reculé de quelques pas. À présent, il se trouvait hors de la menace directe du revolver, C’était donc le moment d’agir. Il se détendit et bondit vers Lensky, mais si rapide que fût son action, le forban fut plus rapide encore, D’un bref retrait du corps, il évita la charge du Français et comme celui-ci, perdant l’équilibre, tentait de se redresser, il lui porta, du tranchant de la main, un coup sec à hauteur des fausses-côtes. Le souffle coupé, Morane grimaça. Un second coup, assené cette fois sous l’oreille, l’étourdit. Un voile rouge descendit devant ses yeux. En même temps, il se sentit projeté en l’air et retomba allongé sur le ventre, devant le bureau du professeur Frost.

L’étourdissement de Morane fut de courte durée, Quand il rouvrit les paupières, Aloïus Lensky se mit à rire doucement.

— Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire, monsieur Morane, fit-il. Évidemment, vous ne pouviez deviner que je suis un expert en jiu-jitsu.

Bob, toujours étendu à plat ventre, un bras replié sous son corps, ne répondit pas. Le cou et la poitrine lui faisaient mal et, à chaque inspiration, il avait l’impression qu’on lui enfonçait un poignard entre les côtes. Néanmoins, il ne put s’empêcher de penser : « Expert en jiu-jitsu, hein ? Un homme prévenu en vaut deux et, la prochaine fois, tu ne t’en tireras plus aussi facilement, mon gaillard. »

Au cours des quelques secondes ayant suivi la chute de Morane, le professeur Frost avait ébauché un mouvement eh direction de la bibliothèque, vers les armes, mais Sam Lester ne lui avait pas permis d’achever son geste.

— Inutile, professeur, dit-il en menaçant le savant de son revolver. Avant de vous être levé, vous seriez déjà percé comme une pomme d’arrosoir.

Frost marqua son impuissance par un haussement d’épaules et posa les mains bien à plat sur le bureau. Ensuite, il se tourna vers Lensky.

— Je suppose que vous voilà maître de la situation, dit-il.

L’autre acquiesça.

— Vous ne vous trompez pas, professeur Frost. Je suis maître de la situation, en effet. Le nouvel équipage du yacht m’est dévoué, et les quelques matelots qui vous sont demeurés fidèles ne m’empêcheront pas de réaliser mon plan. À partir de maintenant, je puis donc me considérer comme seul maître à bord du Mégophias.

— Cela a toujours été votre but, n’est-ce pas, Lensky, vous emparer du yacht ?

— Bien sûr, professeur, cela a toujours été mon but. Le Mosasaure était un appât, tout simplement.

— Pourtant, la dent était authentique, vous ne le nierez pas.

— Je ne le nie pas, professeur, et cette circonstance a d’ailleurs assuré mon emprise sur vous. Tout à la découverte de votre Mosasaure géant, dont le squelette se trouve d’ailleurs réellement là-bas dans l’archipel, vous avez rejeté toute méfiance. En réalité, que vous découvriez ou non le Mosasaure m’importe assez peu. Le but que je poursuis est tout différent.

Pendant de longues secondes, le silence régna dans la cabine. Mais dans les yeux de Frost se lisait cependant une question muette. Aloïus Lensky se mit à rire. Un petit rire grinçant, qui portait sur les nerfs de quiconque l’entendait.

— Vous voudriez bien connaître mes projets, n’est-ce pas, professeur, et vous espérez me voir vous les révéler. Mais je n’en ferai rien. Seuls, les morts ne parlent pas, et M. Morane et vous n’êtes pas encore morts. Pas encore.

Le paléontologiste eut un geste d’indifférence et, derrière les verres de ses lunettes à monture d’écaille, ses yeux prirent une expression de dureté.

— Gardez votre secret, Lensky, jeta-t-il, et allez au diable.

Le rire déplaisant du bandit retentit à nouveau.

— Au diable, fit-il avec une sorte de joie sauvage. Si quelqu’un ici doit aller au diable, ce ne sera pas moi, croyez-le bien, professeur.

— Qu’allez-vous faire de nous ?

Dans le ton du savant, il y avait maintenant de l’inquiétude.

— Je vais me débarrasser de vous, tout simplement, professeur, répondit Lensky, de vous et de M. Morane. L’eau est très froide dans ces parages, et il est difficile d’y nager bien longtemps, surtout quand on est étroitement garrotté.

« Je dois faire quelque chose, pensa Morane. Il faut que je fasse quelque chose, » Il était toujours allongé sur le ventre, le bras droit engagé sous son corps, dans la même position que lorsqu’il était tombé. « Je dois faire quelque chose. » Faire quelque chose ? Mais quoi ?

Et, soudain, au dos de sa main droite, il sentit le contact d’un corps dur : l’automatique pris tout à l’heure sur le bureau du professeur Frost. Si Bob pouvait l’atteindre, peut-être parviendrait-il à retourner la situation à son avantage. Doucement, il glissa la main sous sa vareuse et la referma sur la crosse de l’automatique, dont il abaissa le cran de sûreté.

Morane ne doutait pas qu’entre lui et Sam Lester, ce serait une épreuve de vitesse, mais il se sentait fermement décidé à courir sa chance, Lentement, prenant appui sur sa main libre, il se redressa, prenant garde de donner à son geste le plus de naturel possible, Et, brusquement, quand il eut réussi à se mettre à genoux, il arracha l’automatique de sa ceinture. Sam Lester voulut faire feu, mais Bob avait l’avantage de la surprise et tira le premier. Atteint au bras droit, Lester poussa un cri de douleur et lâcha son arme. Lensky ébaucha le geste de la ramasser, mais la voix de Morane sonna, brève :

— Ne faites pas un mouvement, Lensky, ou je n’hésiterai pas à vous abattre comme un chien.

Le forban dut comprendre que la menace ne serait pas vainc, et il s’immobilisa. Tout, dans son attitude disait la soumission. Et soudain, il agit mais dans le sens contraire à ce que Morane aurait pu attendre. D’une détente, Lensky se précipita sur Sam Lester, blessé, et le projeta hors de la cabine. Par deux fois, Morane pressa la détente de son automatique, mais déjà Lensky avait plongé à son tour dans la coursive. Tout cela s’était passé si rapidement que c’était à peine si Morane avait eu le temps de réaliser. À présent, Sam Lester et Aloïus Lensky se trouvaient hors de sa portée, et avant peu, il le savait, ils reviendraient avec des renforts. D’un sursaut désespéré, Bob se jeta sur la porte de la cabine et la ferma au verrou. C’était une porte métallique, et elle résisterait aux assauts des assaillants, Pour la percer, il faudrait un chalumeau.

Morane se tourna vers le professeur Frost.

— Nous voilà dans de beaux draps, dit-il.

Sur le visage du savant, il y avait une légère expression de panique.

— Que comptez-vous faire pour nous tirer de là, monsieur Morane ? interrogea-t-il.

Bob eut un geste vague.

— Pour le moment, résister le plus longtemps possible dans cette cabine, répondit-il. Mais ce qu’il faut avant tout, c’est dénicher ce satané micro.

Il découvrit l’engin en question sous les lambris d’acajou recouvrant la cloison métallique séparant la cabine du professeur Frost de celle de Lensky. Un petit trou, par lequel passaient les fils, avait été pratiqué dans la cloison. Bob arracha les fils, détacha le micro et remit les lambris en place. Ensuite, pour éviter toute surprise venant de l’extérieur, il alluma la lumière électrique et alla fixer les taques protectrices des hublots. Ensuite, il revint vers le bureau.

— Nous voilà parés, professeur, dit-il. À présent, il ne nous reste plus qu’à nous armer jusqu’aux dents et à nous préparer à défendre chèrement nos vies.

Durant un moment, le paléontologiste demeura indécis.

Finalement, il parut se rendre compte que la solution proposée par Morane était la seule à adopter.

— Vous avez raison, dit-il. Il nous faut nous défendre ou nous rendre à Lensky. Celui-ci, n’en doutons pas, s’empresserait de nous jeter, pieds et poings liés, à la mer. Mieux vaut donc nous préparer à soutenir un siège en règle. Ah, si seulement je vous avais écouté dès le début !

Morane haussa les épaules avec fatalisme.

— Les regrets n’ont jamais servi à rien, professeur.

Puisque nous avons résolu de défendre notre peau, préparons les armes. Ainsi, quand Lensky et sa bande de sacripants se présenteront, nous saurons les recevoir de belle façon.

Les deux hommes se trouvaient occupés à charger les revolvers et les carabines, quand des coups violents ébranlèrent la porte, puis Lensky cria :

— Professeur Frost, il est inutile de tenter de résister.

Vous êtes deux, et nous sommes une vingtaine. Vous finirez par succomber.

Ce fut Morane qui répondit :

— De toute façon, nous succomberons, cria-t-il. Alors, mieux vaut mourir en beauté. Nous sommes bien armés, Lensky, et nous défendrons chèrement nos vies.

De l’autre côté de la porte, il y eut un long moment de silence. Puis Lensky demanda encore :

— Êtes-vous également de cet avis, professeur ?

— Oui, Lensky, répondit le savant. Et allez au diable.

De l’autre côté de la porte, un ricanement sinistre retentit.

— C’est très bien, professeur, C’est très bien, monsieur Morane, Résistez si vous le voulez. Nous ne lèverons même pas le petit doigt pour vous capturer. Avant longtemps, la faim et la soif auront raison dc vous.

Dans la cabine, Morane et le paléontologiste échangèrent un long regard, la faim et la soif ! Ils n’avaient guère pensé à cela, mais à présent ils se rendaient compte de tout ce que leur situation avait de désespéré.

 

La Croisière du Mégophias
titlepage.xhtml
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-013]La croisiere du Megophias(1956).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html